Aucun des deux ne parlait. C'était encore trop douloureux. Ils n'avaient pas pu se rendre à l'enterrement de leur père à cause de la pandémie, ils n'avaient pas pu être présents pour leur famille. Leur mère était dévastée, surtout par la colère. Elle était en colère que cet homme est abandonné sa famille, sa première famille. Il avait abandonné son rôle de père pour eux quand il a demandé le divorce. Il n'a jamais été présent durant toutes les crises que faisaient Bea, la petite dernière. Et aussi pour Sylvia. Il n'était pas venu lors de la remise des diplômes. Il les avait tous abandonnés. Sylvia, elle, semblait forte. Elle n'avait pas pleuré une seule fois devant les autres, elle ne disait rien, comme elle l'avait toujours fait. Bea c'était encore plus enfermée sur elle-même, ne prononçant pas un seul mot à sa famille.

Greg était au plus mal. Il se sentait tellement inutile. Il aurait dû être présent quand il est parti. Il aurait dû prendre le rôle d'homme de la famille. Noora, elle, elle semblait totalement ailleurs. Elle avait pleuré le jour où elle avait appris son décès, mais n'avait plus échappé une larme depuis. Elle ne voulait même plus en parler. Elle essayait de se persuader qu'elle le considérait comme mort depuis longtemps, mais la vérité, c'est qu'elle aurait aimé le revoir.

La brune avait appris qu'elle avait deux demi-frères, âgés de neuf et six ans. Deux enfants qui venaient de perdre leur père, qu'elle n'avait pas connu. Une part d'elle les détestait, parce qu'ils leur avait pris son père. Une autre voulait juste les prendre sous son aile, prendre son rôle de grande sœur. Mais leur mère ne voulait pas entendre parler de la première famille de son défunt mari. Heureusement, il n'y avait pas de soucis d'héritage puisque les quatre premiers Bartlet ne voulaient rien venant de cet homme. Ils auraient juste voulu de l'amour de sa part.

Greg resserra légèrement les mollets et Hermès se lança au trot sur la piste de randonnée. Depuis tout à l'heure, l'hongre ne demandait qu'une chose, c'est de galoper, mais Noora ne semblait pas vouloir lancer sa jument. Elle la mit au trot aussi pour rester à la hauteur de son frère. Mais ils ne parlaient toujours pas. Ça faisait bien une quinzaine de minutes qu'ils étaient partis se promener, mais aucun des deux n'avait ouvert la bouche. Greg avait l'impression de revenir au point de départ de leur relation, quand il est sorti de prison pour venir à l'académie, juste sans tous les reproches que l'ancienne mannequin pouvait lui faire. Bien qu'elle en fasse toujours, mais plus aussi blessant qu'avant.

« Il y a une grande ligne droite après ce virage, on les met au galop ?
— Oui. »

Greg avant été surpris d'entendre le son de la voix de sa sœur, et Hermès fit un léger écart. Mais il se ressaisit bien vite et remit le noir à côté de Cream Cleopatra qui se pavanait encore et toujours. Ce n'est pas que Greg n'aimait pas la jument, mais concrètement, il n'aimait pas s'en occuper, ni travailler avec elle. Il la trouvait chiante. Alors que Noora semblait s'épanouir avec elle, et laissait Hermès parfois de côté. Pourtant, l'hongre était un très bon cheval, très bien dans sa tête et qui n'en demande pas autant que la crème.

Ils passèrent le virage et s'élancèrent tout deux au galop. Hermès dépassa bien vite Cream Cleopatra et Greg laissait le cheval aller à son rythme. Il semblait enfin se défouler, comme s'il ne l'avait pas fait depuis longtemps. Noora derrière, retenait pourtant Cream Cleopatra. Elle se sentait crispée, pas tout à fait prêtre à lâcher la jument. Elle ne voulait pas perdre le contrôle, pourtant la crème ne demandait que ça, pouvoir galoper à sa guise. Elle se laissa ainsi distancer de plusieurs mètres, puis finit par repasser au pas, ne se sentant plus capable de tenir le galop. Noora avait perdu de vu son frère, mais elle savait qu'avec Hermès, il ne pourrait pas lui arriver grand chose. Puis Greg savait tout de même monter, même s'il le faisait que pour le plaisir et non pour faire de la compétition comme peut le faire sa sœur ou d'autre cavalier.

Au bout d'un moment, Greg ralentit Hermès et regarda derrière lui. Il ne voyait pas Noora. Il fit demi-tour et trouva la brune, le visage sombre sur sa jument qui n'avait pas l'air de vouloir l'écouter. Noora semblait mal, le visage crispé. Quelque chose n'allait pas. Greg le savait que ça n'allait pas depuis un moment, mais quand elle lui semblait s'en sortir, elle replongeait deux fois plus.

« J'ai pas pu... » dit-elle doucement.

S'il n'avait pas été aussi près d'elle, il n'aurait pas pu l'entendre.

« On va rentrer. »

Il n'avait rien d'autre à rajouter. Il ne voulait pas de toute façon s'étaler sur la santé mentale de sa sœur. D'accord, elle n'était pas au top de sa forme, mais ça depuis un moment. Elle était la seule capable de se sortir elle-même la tête hors de l'eau. Puis Greg était envahi aussi par ses démons, et avec la mort de son père, ils étaient encore plus violents. Il ne pouvait s'occuper d'elle et de lui. Sinon l'un des deux allait vraiment finir par perdre pied. Alors Greg s'était décidé, ils allaient déjà s'occuper d'eux-mêmes. Noora s'en était bien sortie avant sans lui, elle ferait pareil maintenant.



Noora venait de préparer Hermès. Il était tout beau, tout propre, bridé et sellé. Mais là, elle se retrouvait comme une conne à essayer de reprendre son souffle, casque à la main. Elle s'appuya contre la porte du box, inspirant et expirant le plus calmement possible. Mais c'était peine perdue. Elle sentait la peur influé dans son organisme, prendre possession d'elle, lui prendre tout son oxygène. Elle avait les larmes au bord des yeux, la tête qui tournait. Elle n'y arrivait plus.

Noora n'arrivait plus à vivre ainsi. Comment pouvait-elle continuer à rester à l'académie alors qu'elle était incapable de monter sans se mettre à trembler ? Et pire, à monter Hermès sans avoir l'impression qu'on lui comprimait les poumons ?

Elle aimait pourtant son cheval, mais elle ne se sentait pas à sa hauteur.

Elle lâcha sa bombe au sol et alla vite dans la sellerie pour s'isoler un peu. Elle s'assit sur un banc, pris sa tête entre ses mains et laissa les larmes dévaler ses joues. De plus, la culpabilité la ronger. Elle ne pouvait oublier qu'elle avait rejeté son père quand il avait tenté de reprendre contact et que maintenant, c'était définitivement fini. Elle ne pourrait vraiment ne plus jamais le revoir.

Inès rentra dans la sellerie, les bras chargés, après une séance de plat avec Diego. Directement, elle posa ses yeux sur la silhouette brune, courbée en deux qui était secouée de sanglots. Elle posa tout son matériel et s'approcha. Elle reconnaissait bien évidemment la personne, c'était Noora. Elle qui lui semblait si forte, là, lui montrait qu'une personne qui avait l'air brisée. Inès posa une main sur son épaule, pour tenter, comme elle le fait toujours avec quelqu'un dans son état, de la rassurer.

« Hey, ça va ? »

Noora releva la tête, plongea ses yeux dans ceux d'Inès et poussa son bras dans un geste de colère. Si quelque chose pouvait bien la faire sortir de ses gonds, c'était que quelqu'un assiste à sa fragilité.

« Excuse-moi, je voulais juste voir si tu allais bien. »

La Canadienne se leva et dominait maintenant Inès de presque une tête. Son regard était tellement noir que la fausse blonde eu un mouvement de recul. Oui, Noora faisait peur et à ce moment-là, la Française se dit qu'elle aurait mieux dû la laisser seule et ne surtout pas intervenir.

« Ne t'avise plus jamais de me toucher. La prochaine fois, je te pète le nez. »

Sa voix était tranchante, pleine de colère et Inès savait qu'elle n'hésiterait pas à mettre ses menaces à exécution. La brune tourna les talons et sortit de la sellerie, laissant la jeune femme-là. Noora détestait cette fille, c'était physique. Et si elle croit parce qu'elle l'a aidé une fois dans le manège, ça allait changer quelque chose, la blonde se mettait le doigt dans l'œil.  changer quelque chose, la blonde se mettait le doigts dans l'oeil.

172 lignes; cream cleopatra et hermès
utilisation d'un résumé x2 dans les PB de Noora

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