Ces derniers mois ont été très difficiles à cause de la situation mondiale. Inès avait réussi à tenir loin de ses pensées la peur pour sa famille pour se concentrer principalement sur Diego. Mais c'était compliqué de ne pas y penser, surtout quand elle déambulait dans les écuries. Elle avait vu des boxs vides, parce que pas mal de cavaliers étaient partis avec. Puis un manque conséquent de personnel. Inès avait tenté tant bien que mal de participer, d'aider le plus possible. Et toute l'académie s'est d'ailleurs plié en quatre pour éviter une catastrophe. Certains, en plus de travailler leurs chevaux, travaillaient aussi ceux des stalles, ceux dont les cavaliers étaient partis pour une durée indéterminée (avec accords du propriétaire bien évidemment). Inès avait plusieurs fois aidé les palefreniers puisqu'ils se retrouvaient en sous effectifs.

L'installation en Afrique du Sud n'avait pas été de tout repos. L'Académie traversait une très mauvaise passes, l'argent manquait cruellement, beaucoup d'élèves sont repartis chez eux et ont définitivement quittés Full Horse. Les installations ne sont plus du grand luxe comment ils avaient été habitués. Il avait même fallu remettre certaines installations aux normes. Mais Inès s'accrochait. Elle ne voulait pas partir d'ici, elle aidait le plus possible, se proposait toujours pour rendre service. Ça lui faisait parfois de grosses journées mais elle ne s'en plaignait pas. La fausse blonde voulait juste que l'académie continue de vivre et s'il fallait travailler deux fois plus, elle allait le faire.

Ce matin-là, le temps était doux. Inès se faufila jusqu'à la douche pour se réveiller. Elle laissa couler l'eau chaude sur son corps quelques temps. La Française faisait partie de ces gens qui ont souvent froid. Alors elle prenait facilement des douches qui tournait autour des quarante degrés, ne supportant pas l'eau froide. Même en été, ça peut se montrer problématique puisqu'elle est totalement incapable de rentrer dans une piscine si elle est à moins de vingt-cinq degrés. Alors, elle appréciait le contact de la chaleur. Elle enfila ensuite rapidement ses vêtements, haut à manches longues noir, culotte d'équitation noire et une veste militaire, sécha ses cheveux rapidement mais les laissa détacher en les passant derrière ses oreilles. De toute façon, vu comment elle a les cheveux courts, même si elle les attache, soit les cheveux de devant finissent par tomber, soit ceux sont de derrières. Impossible de tous les faire tenir. Inès quitta sa chambre et se rendit à l'écurie des propriétaires pour préparer Diego pour la séance du jour.

Une fois le cheval propre comme un sou neuf, seller, brider, elle l'emmena jusqu'à la carrière où elle avait réservé la moitié de sa surface. Comme elle ne faisait que le remettre au travail, lui ayant laisser le temps de s'habituer à son nouvel environnement, il fallait d'abord le remuscler un peu. Pendant presque un mois, elle n'avait fait que des séances longées ou en main pour l'emmener se promener autour des installations. Non, là maintenant c'était du sérieux. Elle avait prévu de commencer les concours avec le bai.

Pour le bien de sa séance, elle avait installé quatre barres au sol. Deux à l'horizontal, deux autres en vertical, sur un grand cercle. Puis sur une longueur, quatre barres en quinconce. Aidé d'un montoir, elle se mis en selle et commença sa détente. Rênes longues, elle laissait Diego faire le tour de la carrière au pas. Pour le moment, il n'y avait personne dans l'autre moitié, elle en profita donc pour augmenter sa surface de travail.

Une fois qu'elle avait fini au pas, elle serra les mollets et mit Diego au trot. Il semblait à l'écoute de sa cavalière et pour une fois, pas très inquiété par son environnement. Il faut dire que la jeune femme lui avait laissé un sacré moment pour s'habituer aux lieux, l'avait emmené partout en main pour être sur qu'il ne panique pas. Ça avait demandé du temps, mais finalement, les résultats étaient là. Diego était concentré sur son travail, ne faisait pas attention à ce qu'il se passait autour de lui et c'était vraiment agréable. Que demander de plus ? Inès le mit sur une boucle puis partit en doubler dans la largeur pour ensuite demander un changement de main. Elle avait remarqué, après quelques temps, que l'étalon semblait plus nerveux à main droite qu'à main gauche et elle avait alors pris la décision de travailler plus longtemps sur cette main qui semblait lui poser problème. Rien de bien grave, mais il avait tendance à s'échapper aux jambes de la jeune femme et elle devait alors se montrer beaucoup plus ferme. Pour le moment, elle ne s'inquiétait pas plus que ça. Sa tante, qu'elle avait eu au téléphone il n'y a pas très longtemps, lui avait dit que parfois, certains chevaux étaient plus habitués à travailler à gauche ou à droite et que ce n'était qu'une question d'habitude. Puis dans l'ensemble, Diego restait un cheval assez nerveux et anxieux face à tout changement, rien de très inhabituel chez lui.

Inès venait de passer presque dix minutes à main droite, et il semblait enfin parfaitement près au travail. Elle le mit au galop sur un cercle large pour finir son échauffement et elle pourrait enfin partir sur l'exercice du jour. Rien de bien compliqué. Elle allait d'abord passer les barres sur le cercle au pas, voir s'il soulève les postérieurs assez haut et rapidement. Puis la même chose au trot et au galop, à droite et à gauche. Ensuite, elle ferait des changements d'allures après chaque barres au sol, essayant d'avoir un cheval le plus réactif possible. Puis, ils iraient sur les barres en quinconce, au trot. Dans tous les cas, ce n'était aujourd'hui qu'une remise au travail, la blonde allait faire en sorte qu'il se détente le plus possible et qu'il renforce ses muscles.

Après sa boucle au galop, elle repassa au pas et l'emmena sur ce fameux cercle. A la première barre au sol, Diego fut surpris de voir qu'il ne soulevait pas assez haut ses postérieurs et fit un petit bond. La seconde, un de ses sabots tapa dedans et les deux dernières passèrent comme une lettre à la poste. Elle le ramena sur le cercle, une dernière fois au pas et cette fois-ci, tout se passa bien. Inès demanda alors le trot, toujours à la même main, et cette fois-ci, c'est la jeune femme qui fut surprise par son équidé. Dans un élan de folie, il avait décidé de passer cette barre au sol comme s'il devait franchir un obstacle à cinquante centimètre de hauteur. Elle ne s'était pas préparée à ça et en perdit un étrier. Quelle comédie il faisait alors ! La suite se passa beaucoup mieux et ce fut même parfait au galop, bien qu'après avoir pris trop d'élan, mal calculé les foulées, le bai tapa légèrement la dernière barre. Mais globalement, c'était vraiment pas mal. Inès refit alors exactement la même chose à l'autre main, et encore une fois, ils s'en sortirent franchement bien par rapport au début de séance. Sur les trois tours aux trois allures, il ne toucha qu'une seule barre.

Après avoir refait l'exercice encore une fois à chaque main, la française guida le bai sur le second dispositif des barres en quinconce. Le principe était tout simple, c'était de les passer au trot, faisant ainsi travailler presque tout le corps du cheval. Cet exercice, elle l'avait copié sur sa tante qu'elle a souvent vu faire ça avec ses chevaux. Diego connaissait alors le dispositif, et il ne fut pas autant surpris qu'il l'a été sur l'exercice passé. Inès se mit au trot enlevé, essayant de garder une bonne cadence tout au long du passage des quatre barres surélevées.

Après avoir fait cet exercice aux deux mains, pour être sûr de bien travailler tout le corps, elle mit Diego au galop, tout au long de la carrière. Il pouvait ainsi se défouler le plus possible, et elle avait eu la chance que aucun autre cavalier soit venu dans l'autre moitié disponible. Et visiblement, ça faisait plaisir au bai de pouvoir galoper sur autant d'espace. Elle le laissa trouver lui même sa cadence, ne le dirigeant juste à l'aide du poids du corps. Même elle était ravie de la sensation qui l'envahissait d'être là, au galop, presque en osmose avec Diego. Elle était ravie d'avoir intégrer Full Horse et pour rien au monde elle ne repartira d'ici.


Inès n'avait pas voulu participer à cet appel en visio. Mais sa mère l'avait tellement supplié qu'elle avait culpabilisé et elle avait fini par lui dire oui. Le truc, c'est que de voir sa mère si heureuse avec son futur mari, le beau-père de la française, ça lui donnerait presque la gerbe. Elle ne détestait pas cet homme, il était bon pour sa mère, il la rendait heureuse et il était d'une gentillesse inouie. Mais elle avait l'impression que tous les souvenirs de son père étaient effacés par sa simple présence. Et Inès ne pouvait, elle, pas oublier à quel point elle aimait son père.

« J'aimerai que tu rentres en France pour venir à mon rendez-vous pour le choix de la robe de mariée. J'ai un rendez-vous en septembre. Tu ne pourrais pas prendre des vacances, ma chérie ?
— Je ne peux pas laisser Diego sans travailler pendant un long moment. Tu le sais.
— Et si tu ne viens qu'une semaine ? Ça me ferait tellement plaisir ? Tu n'as pas un copain qui pourrait s'occuper de ton cheval pendant ce temps là. »

Il fallait que la fausse blonde pèse le pour et le contre. Non, elle n'avait personne à qui confier Diego, mais sa mère avait vraiment l'air de tenir à la présence de sa fille pour choisir cette fameuse robe. D'un autre côté, elle ne voulait pas que ce mariage se concrétise. Le problème, c'est qu'elle soit présente ou non, ils avaient l'air tellement amoureux l'un de l'autre qu'elle savait que ce serait impossible de le faire annuler.

« Dis oui...
— Je vais voir... Je te tiens au courant d'accord ?
— Je suis si heureuse Inès ! Je t'aime, bisous ! »

Et sur ce, Inès mit à terme à cet appel. Est-ce qu'elle pouvait vraiment abandonner sa mère ? Non. Au moins, l'une des deux avait réussi à retrouver le bonheur après le décès du paternel.

212 lignes; box de Diego

Pando