Inès avait maintenant posé ses valises depuis deux semaines à Full Horse. Elle avait eu le temps de visiter les moindres recoins, de s'habituer à la frénésie des écuries. L'avantage, c'est que le climat de Genève et le de la France sont assez similaire. Elle n'y voyait pas de changement flagrant. Son cheval Diego n'était plus en quarantaine obligatoire après un transfert à l'étranger, et elle pouvait enfin commencer à travailler avec lui. Elle l'avait laissé depuis qu'il était arrivé à l'écurie s'habituer aux lieux, comme elle, l'emmenant de temps en temps aux pâtures quand le froid n'était pas trop mordant.

Lavée, elle s'habilla chaudement. Les températures avaient chuté cette nuit, et le sol était recouvert d'une fine couche de neige. Au vu du soleil qui pointait le bout de son nez au milieu des nuages, Inès savait que la neige n'allait pas tenir. Elle pourrait travailler un peu avec Diego, mais d'abord, elle devait l'emmener en visite chez le vétérinaire, obligatoire pour chaque nouveaux chevaux à Full Horse. Elle enfilait sa doudoune, et un bonnet pour protéger ses oreilles. Seules quelques mèches blondes décolorées s'échappaient. La française quittait ensuite le chalet qu'on lui avait attribué pour tout son séjour.

Elle traversa, nez dans son écharpe, l'académie pour rejoindre les écuries. Diego était nerveux dans son box. Il tournait en rond, les oreilles droites et en mouvement. La jeune française claqua de la langue et Diego se tourna vers elle, s'approchant de la porte. Elle posa sa main sur son chanfrein, il se détendit légèrement. Il n'avait pas encore eu le temps à se faire totalement à son nouvel environnement, il n'aime pas le changement. Elle le laissa quelques minutes pour aller à la sellerie, prendre dans son casier son sac de pansage. Elle sortit ensuite Diego de son box et attacha la longe qu'elle venait de lui mettre avec le licol à l'anneau.

Pansage terminé, elle lui posa une couverture sur le dos pour l'emmener jusqu'au centre de soin. Elle avait rendez-vous et était déjà en retard. Inès n'était pas connue pour être la plus à l'heure de son entourage, elle a toujours cinq ou dix minutes de retard ce qui a le don d'énerver tout le monde. Penaude, elle arriva avec à peine plus de cinq minutes en retard au lieu de rendez-vous, on l'attendait. Un homme au cheval poivre et sel l'accueuillit.

« Mademoiselle Simon ? Enchanté, Javier Perez, vétérinaire en chef de l'académie.
— Enchantée. Je m'excuse pour le retard, mais voici Diego.
— Ce n'est pas grave. Je vais faire la visite de routine tout de suite du coup. »

Il commença à manipuler le jeune étalon qui le suivait du regard sans en perdre une miette. Inès essayait de lui garder la tête droite le plus possible. Mais le bai n'avait pas forcément envie. Le vétérinaire palpait chacun de ses membres, son dos et écouta sa fréquence cardiaque. Il vient ensuite vers la tête pour regarder sa dentition, ce qui s'avéra un plus difficile que le reste. Diego levait la tête essayant d'échapper au main de Javier. Mais ce dernier finit par pouvoir lui ouvrir la bouche.

« Il est en bonne santé, mais stressé, cela se sent. Il s'est habitué à l'académie ?
— Pas encore totalement, je lui fais visiter pourtant les alentours. Mais il reste nerveux. C'est peut-être parce que c'est un étalon ?
— En partie, mais il reste nerveux. Prenez le temps de l'habituer à chaque endroit avant de travailler dans ce lieu. Il est jeune, mais avec les changements de pays que nous faisons, il risque d'être légèrement perturbé à chaque fois. Il demandera du temps. Après, il est encore jeune, ce qui explique aussi cela. En tout cas, il est en bonne santé. On ne peut pas changer la personnalité d'un cheval.
— D'accord, merci beaucoup monsieur. Au revoir.
— Avec plaisir. Et bon courage à vous ! »

Le vétérinaire pris congé et Inès reprit le chemin des écuries avec Diego. Il était en alerte, s'arrêtant à chaque nouvelles choses qu'il pouvait découvrir. Il restait la visite chez le maréchal et l’ostéopathe, toutes deux prévues demain.

Alors qu'elle installait Diego dans son box, elle entendit des éclats de voix un peu plus loin, devant un box d'un cheval à la robe noire. Deux grands bruns, aux traits assez similaires. Ce qui l'étonnait, c'était le style de la jeune femme, qui paraissait bien trop maquillée pour être dans une écurie. Il ne lui manquait plus que les escarpins et on aurait pu croire qu'elle sortait tout droit d'un magasine avec ces mannequins aux traits parfait. Mais tous les deux avaient l'air froid, et leurs répliques étaient cinglantes. La brune se retourna et avança vers la sortie. Quand elle passa devant Inès, elle lui jeta un regard qui figea la française. Cette jeune femme pourrait donner des complexes à n'importe quelles filles.

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