L'intégration à l'équipe d'AUPA  mettait la pression à la jeune française malgré tout. Il y avait de très bons cavaliers, bien supérieurs à elle, et elle devait absolument donner le meilleur d'elle même pour être à la hauteur. De plus, maintenant elle devait jongler entre Diego, Regulus et Oklahoma, en sachant qu'elle devait donc faire connaissance et nouer un lien avec ses deux nouvelles montures. Son emploi du temps avait beaucoup changé en tout cas depuis ses débuts à l'académie.

Il faisait doux en ce matin de novembre, étant dans un autre hémisphère que son pays d'origine, elle devait se faire à l'idée de vivre parfois des saisons totalement inversées à ce dont elle avait l'habitude. Elle enfila sa tenue, composée d'une culotte d'équitation classique, elle laissait le bling bling aux starlettes de l'académie, composée principalement de deux filles dont elle ne citerai pas le nom, un débardeur et d'un gilet. Elle ne faisait pas forcément attention à son look, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus importants pour elle. Puis la plupart du temps, elle était en tenue d'équitation et préférait de toute façon les couleurs sobres. Elle se glissa dans les écuries de l'élevage, passant saluer le cheval qu'on lui avait confié, son alezan et enfin Diego qu'elle commença à préparer. C'était pratique puisque lors de l'installation de ses chevaux à l'élevage, ils avaient été installés ensemble. Leurs caractères respectifs s'assemblaient plutôt bien et ce n'était pas pour déplaire à la jeune cavalière.

En arrivant dans la carrière, deux cavaliers mettaient pied à terre. Ils se saluèrent rapidement, et alors qu'ils allaient débarrasser le matériel qu'ils avaient installé pour leur séance, Inès leur dit de laisser, voulant elle aussi faire du saut et le dispositif était plutôt pas mal. C'était une ligne de saut, qu'elle baissa avant de commencer la détente du bai.

Diego était dans un très bon jour aujourd'hui, calme, tranquille, il était alerte mais pas stressé par son environnement. La détente se passa bien, et après une vingtaine de minutes, quand elle le senti prêt à se mettre au travail elle commença. Le dispositif laissé par les cavaliers précédents est composé d'une barre au sol, deux croix de suite en saut de puce, une barre au sol, une nouvelle croix, un autre barre au sol et pour finir un vertical. Elle avait déjà pratiqué ces lignes de gymnastique et ça ne pouvait pas faire de mal au bai.

Des séances qu'elle avait pu faire en groupe avec l'équipe, elle avait tenté d'enregistrer un maximum de conseil. Chacun apportait sa pierre à l'édifice et leur permettait à tous de se tirer vers le haut. Elle en avait profité aussi pour regarder pas mal de séance de saut de ses camarades, prenant des notes mentales sur ce qu'elle pouvait reproduire ou non. Quand elle devait travailler avec son binôme, c'était bien plus facile, mais là, c'était une séance seule qu'elle faisait et devait se remémorer un maximum de conseil.

Diego se donnait à coeur joie dans l'exercice, et si au départ, il avait commencé par sauter bien plus haut, le saut de puce lui coupa un peu l'herbe sous le pied. Il ne devait pas trop s'emballer non plus et Inès devait se concentrer pour que le bai garde son amplitude et sa cadence.

C'était un exercice qui s'avéra assez simple et la jeune femme apprécia énormément cette séance. L'hongre avait été super tout du long, prouvant qu'il pouvait effectuer de bon parcours et ne pas se jeter sur les obstacles comme il avait pu faire par le passé. C'était en tout cas très encourageant pour la suite de son aventure au sein de l'académie, puisqu'elle était loin de vouloir s'en arrêter là.


Une semaine plus tard, Inès se trouvait dans le centre de soin pour effectuer la visite de Regulus. Elle n'avait pas encore effectué une grosse séance montée avec lui, préférant le travail en main pour apprendre à le connaître, bien qu'elle est effectué deux séances sur le plat pour voir ce que cela donnait. Regulus montrait en tout cas des aptitudes majestueuses et la française avait vraiment hâte d'entamer le travail avec lui. Elle savait que l'étalon avait un potentiel beaucoup plus haut que Diego, et qu'elle pourrait largement aller plus loin dans les compétitions avec lui. Mais pour le moment, il lui semblait quand même encore assez froid à son contact.

La visite se passa bien. L'étalon se laissait manipuler, et quand le vétérinaire demanda à la jeune femme de le faire trotter, il se mit en une foulée à la bonne allure pendant que sa cavalière courait à côté. Il lui annonça qu'il était en parfaite santé, mais qu'il fallait reprendre le travail en selle pour pouvoir le remuscler correctement. La blonde ne pouvait plus se contenter de faire du travail en main, mais aussi tout un programme pour qu'il puisse révéler tout son potentiel. Elle allait devoir revoir son planning pour caler plus de séances montées et jongler entre ses trois montures. Mais cela ne lui faisait pas peur. Elle n'était pas venue dans cette académie pour se tourner les pouces.

Après avoir déposé Regulus dans son box dans l'allée de l'élevage, elle décida d'aller prendre de quoi manger dans la cuisine avant d'entamer la suite de sa journée. Dans une heure et demi, Inès devait rejoindre son binôme pour travailler avec Oklahoma sur du plat.

Alors qu'elle se préparait une salade composée dans la cuisine, elle vit du coin de l'oeil Aaron arriver, casquette posée à l'envers sur ses cheveux mi-long. Il se servit une pomme et s'appuya contre le plan de travail, souriant à la française.

« Quoi de neuf Miss ? » Il croqua dans sa pomme alors que Inès finissait de couper les tomates. « Plat typiquement français ça !
— Ah bon ? Tu t'y connais en cuisine française ?
— Je sais que vous raffolez des salades composées. Les tomates, le maïs. Ça ne trompe personne !
— Tu veux une assiette ? »

Aaron hocha la tête. Mais ce n'est pas pour autant qu'il arrêta de manger sa pomme. Il regardait Inès recommençait ce qu'elle venait de faire pour elle même. Maïs, thon, tomates coupées, vinaigrette par dessus. Elle lui tendit une fourchette avant de se diriger vers une table. La cuisine était presque vide à cette heure-ci. Il n'y avait que trois autres cavaliers qui mangeaient tout en papotant. En même temps, il était treize heures passées, et la plupart mangeait à midi.

« Mais c'est délicieux en fait.
— On a la meilleure gastronomie quand même, ce n'est pas pour rien qu'on est réputé dans le monde entier.
— Je crois que c'est surtout parce que vous êtes râleurs non ? »

Inès ne put s'empêcher de pouffer de rire, manquant de s'étouffer avec un grain de maïs.

« Ose me dire que ce n'est pas vrai ! On vous voit aux infos, toujours en train de manifester. Et je peux te dire que tous les français que j'ai croisé ont au moins une fois râlé sur quelque chose, mais totalement inutile.
— Pff, c'est faux.
— Quand il fait froid, vous vous plaignez d'avoir trop froid, qu'il fait un temps de merde et vivement l'été. Mais quand vient l'été, bah vous vous plaignez qu'il fasse trop chaud, vous hurlez au réchauffement climatique, et certains d'entre vous pensent que c'est la faute de tous les autres pays, parce que la France tente de faire des efforts mais pas les autres. »

Au fond, il n'avait pas totalement tord. Elle avait déjà entendu ce discours dans la bouche de son oncle, marseillais pure souche qui passait ses journées à ne vivre que pour la troisième mi-temps, tout en picolant du Ricard et hurlant qu'il devait s'hydrater, que la canicule c'était mauvais et que c'était la faute de toutes ses usines partout dans le monde.

Elle ne put s'empêcher de sourire en imaginant Aaron gouter du Ricard avec son oncle. Elle en mettrait sa main au feu qu'il n'aimerai pas du tout.

« Qu'est-ce qu'il te fait sourire ? » Prises la main dans le sac, elle baissa les yeux vers son assiette, trempant une tomate dans la vinaigrette. « T'es incapable de me dire que j'ai tord, tu vois ?
— J'avoue qu'on râle énormément, mais d'après les américains, on a aussi un accent super sexy et nous sommes le pays le plus romantique.
— Tu me fais des avances là ? »

Inès piqua un fard, et le palefrenier s'esclaffa. Effectivement, ce qu'elle venait de dire pouvait porter à confusion, mais ce n'était pas là son intention. Elle comptait juste lui montrer les bons aspects de son pays.

« Parce que si c'est le cas, j'accepte avec plaisir que tu m'emmènes visiter Paris un jour. Et oui, ton accent est super sexy. »

C'était impossible pour la blonde de soutenir son regard. Et il en profitait en plus en tentant tant bien que mal d'imiter cet accent. Aaron avait au moins le mérite de faire rire la jeune femme qui n'arrivait pas à se retenir. Ce mec était très doué pour la draguer sans paraître trop lourd, et en plus, sans s'en rendre compte, elle répondait toujours à ses avances. Elle aimait totalement ce genre de conversations, et appréciait énormément le jeune homme. Quand Inès releva enfin la tête de son assiette, il la fixait avec ses yeux verts, un sourire au coin.

D'accord, une partie d'elle craquait totalement pour le jeune homme. Il dégage une fraicheur de vivre et il est toujours de bonne humeur. Puis elle ne peut pas renier qu'il est carrément beau garçon.

Mais alors que Aaron se levait de table pour débarrasser son assiette, remerciant la jeune femme au passage, elle ne put s'empêcher de penser à Greg. Elle culpabilisait de rentrer dans le jeu de l'américain à cause du brun, mais en même temps, elle ne sait pas du tout ce que souhaite le maréchal. Si ces derniers temps elle a réussi à se rapprocher de lui et à avoir une conversation de plus de cinq mots, il pouvait toujours se montrer aussi froid que de la glace dans ces mauvais jours. Et bien qu'elle ressente une profonde attirance pour lui, elle ne compte pas attendre des lustres de voir si elle lui plaît ou non. Alors que là, avec Aaron, elle sait. Elle sait qu'elle l'attire, et pour une fois, elle n'a pas envie de se prendre la tête.

« Ça te tente un rencard un de ses quatre ?
— Avec plaisir, Miss. »

212 lignes Box de Diego et Regulus