Noora venait de quitter Heather pour partir travailler avec Hermès. Elle devait renouer les liens avec l'hongre et dès maintenant. Elle avait trop laissé traîner ces derniers temps, faisant passer Cream Cleopatra. Est-ce qu'elle s'en voulait ? Oui. Mettre Hermès de côté était carrément dégueulasse de sa part, mais quelque chose s'était brisée en elle, entre eux. Elle ne retrouvait que la sensation de bien être quand elle était avec sa jument. Pas qu'elle n'aimait pas Hermès, non, au contraire. Mais depuis le jour où elle s'était énervée après lui, Noora avait l'impression de ne pas être à la hauteur de l'hongre noir.

Pour ce jour-là, l'ancienne mannequin avait prévu de faire une promenade en main. Rien de bien compliqué, mais il fallait qu'ils retrouvent cette chose, ce lien cavalier/cheval qui fait que monter est un bonheur, qui rend un couple puissant. Elle récupéra Hermès au paddock et s'attela à le panser. Après avoir passé un bon coup de brosse, qui était déjà la base d'une relation de confiance entre les deux, elle lui mit sa longe et l'entraîna au dehors. Enfin, elle pouvait enlever son masque que chaque élèves et professionnels vivant à l'académie devaient porter au sein des locaux. Noora avait hâte d'en terminer avec cette pandémie qui avait paralyser la terre entière pendant quelques temps, confinée plusieurs pays et qui avait fait perdre énormément d'argent aussi à l'académie nomade. Combien de personnes elle avait vu partir ? Puis avec le déménagement, ils avaient du se contenter d'avoir le strict minimum à Full Horse, même si le confort des chevaux était toujours au top. Mais rien à voir avec ce qu'elle avait connu avant.

Hermès était sagement en train de marcher à côté d'elle, presque mou, tirant de temps en temps pour aller brouter un brin d'herbe. La brune n'avait pas le courage de lui dire non pour le moment et le laissa faire sur les vingt première minute de la ballade. C'était bon de se retrouver seule. Elle n'avait plus autant l'impression d'étouffer comme parfois l'académie pouvait lui faire ressentir. Plus encore depuis qu'elle s'était brouillée avec Greg. Elle n'avait pas encore eu le courage d'appeler pour mettre fin à sa tutelle sur son aîné, mais elle comptait le faire. Quand ? Elle-même ne le savait pas. Comme si inconsciemment elle lui laissait une énième chance de se racheter. Elle savait qu'avant le déménagement, il avait passé son examen de fin de première année et qu'il l'avait d'ailleurs très bien réussi. Elle était contente pour lui mais elle n'allait pas lui dire alors qu'ils ne s'étaient pas encore adressé la parole depuis la dernière fois. Ce serait lui donner trop l'idée que ce qu'il avait fait été oublié d'un claquement de doigt. Elle avait déjà perdu son frère pendant plus de six ans, elle ne comptait pas le laisser revenir et continuer de faire de la merde comme si ses actes n'avaient aucunes conséquences. Mais si elle décidait de ne plus être la garante de sa liberté conditionnelle, cela voudrait dire qu'il devra quitter l'académie et il avait l'air de s'y plaire. Même de bien mieux s'en sortir que la canadienne ces derniers temps.

Le chemin de ballade était apaisant, on pouvait entendre les oiseaux chanter dans les arbres et le bruit du vent dans les feuilles. Seul le bruit des fers sur les cailloux de la piste lui rappelait qu'elle était accompagnée. Hermès continuait de la suivre d'un pas lent, mais ça avait l'air de lui faire du bien. Elle appréciait l'hongre énormément, et elle ne voulait pas s'en séparer, mais si finalement il lui fallait un nouveau cavalier bien plus expérimentés que la jeune femme ? Elle stagnait avec lui depuis quelques temps et ses petites crises d'angoisses qu'elle faisait lorsqu'elle devait le monter ne lui facilitait pas la vie. Mais si elle s'en séparait, elle faisait perdre aussi le cheval à Greg. Est-ce qu'elle pouvait se le permettre ? Elle ne savait pas.

Après une bonne heure de promenade, elle ramena Hermès à son box et fit un rapide pansage d'après effort, aussi minime soit-il. Elle se pencha plus sur la cure des sabots pour enlever tous les petits cailloux qui auraient pu se coincer lors de la randonnée en main.

Alors que Noora sortait du box de son équidé, elle reçut plusieurs brins de pailles sur elle. Mais qui était l'abruti qui venait de lui faire ça ?

« Oops, pardon. J'ai pas vu qu'il y avait quelqu'un. »

Un jeune homme d'environ son âge venait d'apparaître devant elle, cheveux assez long, plusieurs mèches tombaient devant son visage, et regard rieurs. Il avait l'air d'ailleurs bien amusé par ce qu'il venait de faire. Noora entreprit d'enlever chaque brun un à un, plusieurs s'étaient d'ailleurs coincés dans ses cheveux et elle dût défaire son chignon pour finir de s'en débarrasser. L'autre en face était presque mort de rire.

« P'tit con.
— Pardon ?
— T'as bien entendu je pense. T'es un petit con et en plus ça te fait marrer.
— Oh, c'est bon, c'est pas comme si la paille était sale hein !
— Ça change rien au fait que t'aurais pu faire attention, putain. J'en ai partout.
— Si Princesse n'est pas contente, elle peut retourner dans son palace pendant que ses serviteurs s'occuperont de lui faire couler un bain. »

Et sur ces mots, il s'inclina en avant, comme pour faire une révérence. Instantanément, Noora sentit ses nerfs se tendre. Sur quel débile elle était tombée ? Quand il se releva, elle vit encore le petit sourire en coin qu'il arborait. Ça la rendit rouge de colère et il allait en payer les frais.

« Trace ta route ! » cracha-t-elle. Elle n'avait pas de temps à perdre avec un abruti pareil.
« Enchanté sinon, Aaron. Mais j'imagine qu'un palefrenier n'a pas l'honneur de connaître le prénom de cette demoiselle ?
— Dégage de là !
— Pardon madame, si vous auriez l'honneur d'avancer. »

Voilà qu'il recommençait avec ses courbettes exagérées. Elle finit par continuer dans l'allée, loin de lui pour retourner dans sa chambre et aller prendre une douche. Avant de quitter l'écurie de propriétaire, elle se retourna et quand elle remarque que Aaron la regardait toujours, elle lui fit un doigt d'honneur. Abruti. Tout ce qu’elle n’aimait pas, un p’tit con presque présomptueux rien qu’à voir à sa manière de se tenir ou de parler. En plus, il avait réponse à tout. Ça lui mit les nerfs. Noora sortit son téléphone de sa poche et pianota un message à Heather, parce que même si elles n’étaient pas meilleures amies, la canadienne savait qu’elle allait être de son côté.


Si c’était le cas et qu’il faisait la même avec l’américaine, il partait avec deux ennemies à son actif, et pas les plus douces de l’académie !

142 lignes; Box de Hermès

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