Greg se sentait bien mieux dans sa peau depuis quelques temps. Il trouvait sa place au sein de l’académie, un peu moins laissé pour compte. Certes, sa sœur, Noora ne pouvait pas tous les jours lui accorder du temps, mais il trouvait enfin ses marques. Le directeur de l’académie lui avait proposé un autre poste que celui de palefrenier, parce qu’il manquait de maréchal-ferrant. Mais Greg en était ravi. Il avait l’impression d’avoir une mission plus importante. Le canadien apprenait rapidement auprès de Anton, le maréchal en chef. Petit bout d’homme mais avec énormément d’énergie, le jeune homme n’avait qu’une envie, se surpasser pour lui. Sa liberté conditionnelle se passait à merveille. Il n’avait fait aucune connerie jusque là, aucun petit dérapage. En bref, il était fier.

Ce jour-là, Anton lui a demandé de s’occuper d’aller chercher un poney du nom d’Eros pour un parage. Il s'était préparé, il savait en plus qu'il allait aider le maréchal en chef de l'académie, et cela lui faisait énormément plaisir. On lui donnait des responsabilités et ça lui donnait confiance en lui. Armé d'un licol et de quelques friandises, il s'approchait des pâtures. Malgré la basse température, six degrés, il y avait un beau soleil, réchauffant légèrement le visage du canadien. C'était un froid agréable, pas de vent et les chevaux étaient donc de sortie. Maintenant, il devait trouver le poney, un petit tovero, un brin farceur lui avait-on dit. Bon, bah c'était maintenant le plus dur.

Greg a aperçu le pie sur la bute de la pâture. Il passa alors sous la barrière, avançant droit sur sa cible, d'un pas bien décidé. D'autres chevaux levèrent la tête dans sa direction, certains s'avancèrent vers lui, fouillant vers la poche qui abritait les friandises.

« Ce n'est pas pour vous, allez là-bas. »

Il donna une rapide caresse à chacun des équidés avant de se faufiler pour retrouver le poney. Alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres de lui, le poney leva la tête et parti en trottinant vers l'autre bout du près. Ah, non ! Il n'allait pas commencer à le faire tourner en bourrique. Il continua d'avancer vers le tovero qui semblait bien s'amuser à brouter toujours plus loin. Greg ne se précipita pas, il savait qu'Eros allait s'en aller beaucoup plus loin si il venait à presser le pas pour le rattraper.

Quand il vivait à la ferme familiale, avant la faillite, ils avaient un cheval qui faisait toujours ce genre de chose. Du coup, ils avaient décidé de ne plus le sortir dans les grandes pâtures. Le canadien avait appris qu'il fallait ruser pour l'attraper. Et il avait bien fait de prendre des friandises.

Il s'avança un peu plus, sortant la friandise, tendant la main bien à plat en direction du poney. Eros leva la tête vers lui, se figea un cours instant, le laissant s'approcher un peu plus. Puis quand le jeune homme fut assez proche, le tovero décida s'en aller un peu plus loin dans un petit trot. Combien de temps ça allait durer ? Il continua de s'approcher toujours paume tendue, espérant que la friandise allait finir par l'intéresser plus que le faire courir dans le pré. De plus, on lui avait dit qu'Eros était très gourmand, alors ça ne pouvait être qu'un combo gagnant.

Après une dizaine de minutes, il finit par mettre la main sur le poney, lui passant le licol sur la tête. Il lui donna la friandise et l'entraîna à sa suite jusqu'au bâtiment des soins. Anton l'attendait avec à ses côtés son chien, toujours présent et avide de câlin. Tout le matériel était prêt, et Greg était impatient de participer à un parage. Pour le moment, depuis qu'il était devenu apprenti maréchal-ferrant, il n'avait fait qu'emmener les équidés qu'on lui avait demandé, et aussi nettoyer le matériel, regarder sans rien toucher. Mais ce jour-là, Anton lui avait promis qu'il pourrait participer et vraiment l'aider.

« Attache-le ici, et tu lui nettoies tous ses sabots s'il te plaît. Ça doit être parfaitement propre. »

Greg se mit au travail. Il attrapa un cure pied et commença à nettoyer tous les sabots. Le poney n'avait pas de fer. Anton lui avait déjà expliqué quand il avait vu un autre cheval pieds nus que cela n'était pas nécessaire pour tous. Énergiquement, il curait les sabots, enlevait le moindre grain de terre. Une fois finit, Anton reprit le sabot entre ses jambes et tailla légèrement les fourchettes. Pendant qu'il le faisait, il expliquait à Greg comment il devait les tailler, les formes. Il fallait que les lacunes soient le plus régulières possibles. Tout semblait encore compliqué pour le canadien, mais il allait finir par s'y faire avec le temps. Il regardait attentivement ce que faisait le maréchal, essayant de se souvenir du plus de choses possible.

« Prends la pince, tu vas couper l'excédent de corne.
— Je coupe combien ?
— Un centimètre environ. »

Greg prit la pince et s'attela à la tâche qu'on venait de lui confier. Il était hésitant dans ses mouvements, mais Anton l'avait remarqué et était venu le conseillait en lui montrant jusqu'où il devait couper.

Une fois le parage terminé, Anton demanda au jeune homme de ramener Eros dans sa pâture.

« Tu as fait du bon travail. Continue comme ça, Greg. »

Ça lui faisait du bien d'entendre ce genre de choses. Personne ne lui avait jamais dit qu'il faisait du bon travail. Personne ne lui avait vraiment donner de seconde chance avant. Mais maintenant qu'il était à Full Horse, il comptait bien devenir la meilleure version de lui-même.

116 lignes; eros; utilisation d'un résumé x2 de Noora

Pando