Le temps se faisait doux à Port Elizabeth, et l’américain appréciait la douce chaleur du soleil sur son visage. Il était heureux et savait qu’il avait fait le bon choix de venir dans cette école. Il pouvait allier ses deux passions: voyager et rester proche des chevaux. Il n’avait pas une journée compliquée, en tout cas pour le moment. Matinée de nourrissage, nettoyage des boxes, entretien du matériel. Ce n’était pas sorcier, et il le faisait quand il travaillait adolescent.

En tout cas, il s’intégrait bien. Il avait déjà fait la rencontre de Kai, le débourreur Hawaiien, fan de sensation forte avec qui il s’entendait super bien, Inès, la petite blonde qu’il trouvait à son goût et Noora, la reine des glaces qui n’avait jamais dû apprendre à sourire de sa vie. Ça l’amusait d’énerver la brune. Elle lui avait montré une faille en s’énervant aussi vite face à lui, et il n’allait pas la laisser aussi facilement. C’était presque devenu un passe temps pour lui.

Aaron tirait la brouette de box en box, pour distribuer les rations de foin et de complément pour les chevaux qui en avaient besoin. Ce n’était pas vraiment la tâche la plus dure, mais certains chevaux se jetaient presque sur lui avant qu’il n’ait le temps de remplir la mangeoire. Des vrais crèvent la faim. Il pourrait presque croire que personne ne leur donne à manger. Ça se passait plutôt pas mal, jusqu’au box d’Eurodisney, alias le diable en personne. Aaron n’appréciait pas particulièrement ce cheval, mais il devait de toute façon s’en occuper. Le soucis, c’est qu’à chaque fois, le blanc voulait le mordre et il devait faire preuve de beaucoup de réflexe.

« La hantise de tous les nouveaux venus ! »

Le brun se retourna et tomba nez à nez avec Yanis, le palefrenier en chef de l’académie nomade. C’était lui qui était en charge de sa formation et de lui apprendre toutes les ficelles du métier, bien que Aaron ait déjà de l’expérience dans le domaine.

« Il n’est pas le plus agréable de nos chevaux, mais on ne peut s’en séparer. C’est un peu comme une mascotte.
— Ah je vois.
— Tu verras tu finiras par prendre la technique avec lui et ça se fera tout seul. »

Aaron n’y croyait pas trop, mais si Yanis le disait c’est bien que d’autres ont dû finir par s’y habituer. Il n’avait jamais été en contact avec un cheval avec un tel caractère. Et ça le surprenait énormément.

« Il t’en reste beaucoup ? Demanda le palefrenier
— Je dois encore faire l’écurie des propriétaires et nettoyer les stalles.
— D’accord. Tu viendras me voir ensuite ? De ce que j’ai vu, tu vas devoir travailler avec un cheval en particulier, je t’en présenterai un qui aurait bien besoin d'être sorti plus souvent. »

Yanis tourna les talons, continuant sa ronde du matin et l'américain se remit au travail en rappant quelques paroles de Eminem. Alors qu'il avançait au fur et à mesure des stalles, il tomba sur un maréchal dont il avait brièvement fait la connaissance quelques temps plus tôt, devant la stalle du cheval boiteux qu'il avait signalé. Il était accompagné d'un autre gars, au regard froid, qui devait être au même niveau que celui de la grande perche qu'il adorait faire chier.

« Oh, salut. Greg, c'est bien ça ? Troubadour va mieux ?
— Mauvaise ferrure. Un collègue n'a pas bien fait son travail. Je gère son suivi.
— Ah merde. J'espère qu'il se rétablira vite. » Aaron se tourna vers le brun qui n'avait pas l'air super sociable, un peu comme le maréchal d'ailleurs. « Enchanté, Aaron. Sympa les tatouages dis donc !
— Merci. »

Ni plus ni moins, Matteo n'essaya pas d'être le plus aimable. C'en était devenu tout à fait normal au sein de l'Académie... Jamais personne n'osait vraiment l'accoster, et cela l'arrangeait bien plus qu'il ne l'aurait espéré. Ces derniers temps, il était sur les nerfs - plus que d'habitude. Alors, pour éviter la foule, notamment dans l'équipe de Dufour, il se réfugiait au Haras afin de parler avec Greg ou encore Yanis. Son ancien poste de palefrenier lui manquait par moment... Il avait toujours pu faire ce qu'il voulait. Mais il devait bien avouer qu'être dans l'équipe de Liam pouvait être une porte à pleins d'opportunités même si cela signifiait être moins tranquille...
Il n'était pas (totalement) mauvaise langue : on ne l'embêtait pas des masses et on lui permettait de faire de la mécanique, tant que son travail était fait. Tant qu'il ne cognait pas sur quelqu'un, tout allait pour le mieux...

« Pas bien bavard ton pote ! » Dis Aaron à l'égard de Greg.

Mais Greg était de toute façon du même type que Matty. Le canadien haussa un sourcil, avant d'hausser les épaules. Il se foutait totalement de si Matty paraissait froid ou non, parce que ce n'était de toute façon pas le cas avec lui.

« Vous me faites tous les deux penser à la grande brune qui donne l'impression de défiler dans les allées. Vous faites un concours de celui qui est le moins aimable ?
— C'est ma soeur.
— Ah mais tout s'explique ! Et toi, t'es le cousin j'imagine ?
— T'es venu pour quoi ? »

Aaron commençait sérieusement à lui taper sur le système. Là encore, ce n'était pas un exploit de le faire arriver là, cependant, il serait plus judicieux d'éviter de le provoquer davantage. Matteo n'était pas d'humeur, moins qu'à l'accoutumée et cela se ressentait dans les expressions de son visage. Il espérait sincèrement que Greg calme le nouveau venu...

« Alors, je travaille actuellement tu vois ? Je suis chargé de la matinée de nourrissage. D’ailleurs si vous voulez bien, je dois donner sa portion à Troubadour. »

Le palefrenier se faufila entre les deux jeunes hommes pour donner du foin au gris. Une fois fait, il s’installa devant Greg et Matty. Le maréchal regardait l’américain. C’était étrange de le voir faire tout son numéro alors qu’il le connaissait à peine. Il savait que ce genre de mec qui roule des mécaniques en public, ne faisait au final pas grand chose le reste du temps.

« Bon, j’ai du travail. Tu viens ? » dit Greg à Matteo.

Ca ne l’intéressait pas du tout de continuer à parler avec le brun, alors qu’il avait du travail mais ne voulait surtout pas rentrer en confrontation avec qui que ce soit. Il ne pouvait pas oublier qu’il était en liberté conditionnelle et qu’il devait donc surtout se tenir à carreaux. Matteo n'avait pas délogé son regard mauvais de l'autre palefrenier. C'était décidé : il ne l'aimait pas. Ses airs princiers et hautains ne lui plaisaient pas et tout ce qu'il l'inspirait, c'était seulement de lui mettre son poing dans la figure. Et tout le monde savait que Matteo n'était pas doté d'un grand sang froid... Cependant, il ne dit rien de plus et se contenta de grogner pour finir par suivre Greg. Mieux valait pour lui (ou pour eux tous ?) qu'il s'éloigne d'Aaron.

Aaron les regardait s'éloigner, l'académie était peuplée de personne peu sociable. Bien trop à son goût. C'était tant pis pour eux, jamais ils ne connaîtraient l'incroyable Aaron et ce que ça faisait de l'avoir dans son cercle d'ami.


Aaron venait de terminer son travail. Les stalles étaient propres, les chevaux étaient nourris. Il se rendait maintenant en direction du bureau du palefrenier en chef pour qu'il lui montre le cheval dont il lui avait parlé.

Il toqua à la porte du bureau qui était ouverte, ne voulant pas rentrer sans autorisation. Même si l'américain se permettait de beaucoup de choses, il ne voulait quand même pas faire mauvaise impression auprès de son chef de service.

« Ah tiens, tu arrives au bon moment. Tu connais déjà Calimero ?
— Le voleur de brosse ? Yanis hocha la tête. Je vois oui.
— J'aimerai beaucoup que tu le travailles un peu durant ton temps libre. Il a besoin d'être sorti plus souvent, et je pense que vous pourriez faire un bon couple.
— Séance montée obligatoire ?
— Non. C'est totalement à ta guise. Bon, j'ai une urgence dans un paddock. Merci ! »

En sortant, Yanis mit une tape sur l'épaule du brun. Bon et bien c'était parti, il devait travailler avec Calimero.


Aaron venait de finir de panser Calimero qui avait tenté de lui voler plusieurs fois l’étrille. Il se déplaçait sans cesse, mais le palefrenier avait tenu bon. Une fois fini, il l’emmena dans un rond de longe, le laissant se défouler au début. Il n’avait pas bougé, regardant le jeune homme, se demandant sûrement ce qu’il faisait.

« Allez.  »

Le brun claqua de la langue pour essayer de faire avancer l’hongre. Mais il ne bougea pas d’un poil. Il s’avança alors vers lui, en tentant de le faire avancer. Calimero pris le pas, un pas mou, tête basse. Bon, c’était déjà un bon début. Aaron se mit sur un cercle de diamètre moins important que celui du cheval essayant tant bien que mal de le faire avancer un peu plus. Mais rien à faire, Calimero s’arrêtait au bout de même pas une minute. Une vraie tête de mule. Le palefrenier savait que ça allait s’annoncer nerveux de s’occuper de lui. Il allait devoir faire preuve de patience et de calme envers lui. Il décida de changer de tactique et de travailler la confiance entre l'équidé et lui.

Aaron se plaça à côté de lui et commença à marcher, accompagnant sa demande par la voix.

« Marche !  »

Calimero ne bougea pas et l’américain exerça une légère pression sur la longe. Dès que le cheval fit un pas en avant, il s’arrêta et attendit un peu avant de recommencer. Si au début, il devait à chaque fois accompagner sa demande vocal par une légère action sur la longe, après cinq essais environ, Calimero bougeait dès qu’Aaron commençait à avancer.

Le brun passa alors à la seconde étape. Alors qu’ils étaient en train de marcher depuis presque deux minutes, il s’arrêta net.

« Arrêt !  »

L’hongre le dépassa et Aaron le poussa alors pour le placer derrière lui. Quand il travaillait dans l’écurie plus jeune avec son père, ces exercices étaient très importants. Cela apprenait déjà au cheval à respecter les demandes de son cavalier, mais aussi à commencer les premiers rapports de confiance avant de monter en selle. Son père lui avait tout appris, et à la fin, Aaron travaillait même en liberté avec certains chevaux.

Il réussit enfin à avoir un arrêt parfait, et décida d’en terminer là pour aujourd’hui. Il voyait bien que Calimero perdait toute sa concentration et surtout sa patience. Le jeune homme savait que de toute façon, il n’en tirerait plus rien de lui s’il continuait comme ça.

« C’est bien.  »

Il le félicita et le ramena aux écuries pour lui offrir un bon pansage et le mettre au paddock avant de le laisser tranquille.


Ça avait été une bonne journée pour l’américain et il se posa dans le salon pour se reposer un peu. Rapidement, il fut rejoint par la petite blonde qu’il avait invité à sortir quelques semaines plus tôt.

« Alors ? On est revenu de France ?
— Oui. Avec un nouveau cheval en plus.
— Ah ouai, donc en fait tu me rajoutes encore plus de travail ?  »

La jeune femme se crispa et baissa les yeux.

« Je suis désolée, je ne pensais pas...
— Je rigole hein.  »

Il explosa de rire devant la gêne qui se lisait clairement sur le visage d’Inès. Clairement, même si ça lui rajoutait un peu de travail, il n’allait pas s’en plaindre. Il aimait les chevaux et en voir de plus en plus à l’académie était un très bon point.

« J’ai eu peur pendant quelques secondes que tu me détestes pour ça.
— T’es un peu naïve sur les bords toi non ? Ne le prends pas mal surtout. »

Mais Inès ne lui laissa pas le temps de s’excuser qu’elle se leva et sortit de la pièce. Bon tant pis, il n’avait pas l’énergie de lui courir après. Il réussirait bien à la recroiser plus tard.

242 lignes Merci à Melie ! Des petits points pour elle s’il vous plait. Et mercid d’avance pour la correction.