La journée commençait plutôt bien. Greg commençait tout d'abord par la visite de Regulus qu'il avait fixé avec Inès la veille. Il fut surpris par la robe. Il ne s'attendait pas du tout à cela.

« Il est magnifique !
— Un cadeau de mes parents. Pour mon anniversaire aussi, mon passage en seconde année, et sûrement les dix prochains Noël. »

Inès n'était pas naïve à ce point, elle savait qu'un cheval coutait très cher, et que Regulus ne faisait pas parti des plus économiques. Il était taillé pour les concours et sa robe le rendait beaucoup plus attirant que d'autres.

Greg commença son inspection avec le plus grand soin. L'étalon donnait ses sabots facilement, et ça c'était un très bon point. Il s'est battu avec pas mal de chevaux pour pouvoir soulever ne serait-ce qu'un, et cela pouvait devenir très ennuyant à la longue. Anton lui a même confié qu'une fois, il s'était pris un antérieur dans le ventre et que la force du choc lui a coupé le souffle direct. Le brun n'a jamais osé demandé ce qui était advenu du canasson.

Les fers étaient encore bons, il n'y avait rien à signaler ou de quoi s'inquiéter. Ils semblaient même avoir été posé il y a peu, mais il lui manquait encore quelques années de pratiques pour estimer le temps.

« Tout est en ordre. »

Le brun commença à plier ses affaires, se préparant pour aller travailler Troubadour. Il ne savait pas encore ce qu'il allait faire. Greg se lassait un peu des séances longés, mais il ne pouvait pas non plus le monter pour le moment tant que Anton n'avait pas donné son feu vert. Inès, elle ne bougea pas, continuant de caresser son cheval tout en regardant le maréchal rangeait son matériel. Elle inspira un grand coup avant de se lancer, croisant les doigts pour ne pas se faire rembarrer. On ne sait jamais avec ce genre de personne, ça peut changer d'humeur en un claquement doigt. Une parole de trop, et il allait se renfermer sur lui-même.

« Est-ce que ça te tente une petite ballade ? J'emmènerai Regulus et toi Troubadour.
— Je ne peux pas le monter.
— Je sais, je... Je voulais dire en main. Histoire qu'ils prennent l'air et nous aussi.
— D'accord, ça me va. »

Ça tombait même plutôt bien puisqu'il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait faire avec le gris. Inès venait de lui offrir une idée sur un plateau d'argent, et en plus, qu'il accepte semblait vraiment la rendre heureuse. Il ne comprenait pas pourquoi, mais si ça lui faisait plaisir, tant mieux.

Il quitta le centre de soin pour aller chercher Troubadour et le préparer rapidement, un bon coup de pansage, vérifier s'il ne boite pas avant de l'emmener dehors et c'était parti.

Inès l'attendait au départ d'un des chemins de ballades, Regulus en main qui semblait bien curieux de ce qu'il avait autour. Troubadour, lui, ne s'intéressait qu'aux touffes d'herbes. Ils partirent ensemble et directement Inès prit la paroles. Elle lui raconta son séjour en France, de sa mère qui allait se marier, de la robe qu'elle avait choisi. Greg ne lui avait rien demandé pourtant, mais elle avait des choses à dire visiblement. Il ne l'interrompit pas une seule fois, profitant de quelques moments pour la regarder à la dérober.

La française avait mis un bandana pour tenir ses cheveux en arrière, mais une mèche rebelle n'avait pas quitté son front, légèrement plus courte que les autres. Ils tombaient sur sa nuque, avec de légères ondulations. Cette fille était tout le contraire de sa soeur. Noora avait de longs cheveux, légèrement ondulés, mais la plupart du temps, ils étaient raides ou attachés. De plus, jamais elle ne se serait mis à raconter sa vie à quelqu'un qu'elle ne connaissait que très peu. Son regard était toujours glacial, parfois, elle regardait même les gens de haut en bas, avec ce regard assassin qui lui était propre. Greg n'avait toujours pas compris comment elle avait pu être dans le showbiz toutes ces années avec ce comportement, mais visiblement, ça avait bien marché pour elle.

Inès, elle, était joyeuse, souriante, parfois un peu collante, mais il avait connu largement pire. Elle était sympa avec tout le monde et faisait tout pour éviter le conflit. C'était impossible que ça marche un jour avec la brune, elles étaient bien trop différentes pour ça.

Puis la jeune femme se mit à parler de son père. Greg se figea dès qu'il comprit qu'elle en parlait au passé. Il était décédé.

« Toutes mes condoléances.
— Ça fait longtemps maintenant. Mais ça reste parfois difficile. Mais, ma mère va se marier, alors si elle a réussi à tourner la page et à de nouveau être heureuse, je le peux aussi.
— Prends du temps. Ce n'est pas facile de perdre un parent. J'ai perdu mon père il n'y a pas longtemps.
— Oh... Tu étais proche de lui ? »

Greg ne put s'empêcher d'échapper un petit rire. Non, il n'était pas proche de son père qui avait abandonné sa famille pour aller en faire une nouvelle. De ce qu'il savait, toutes les années où il était en prison, il n'avait donné aucunes nouvelles.

« Ça faisait déjà un moment qu'on le considérait mort. Ça n'a pas changé grand chose pour nous.
— Quand même. Vous ne pouvez pas détester votre père à ce point.
— Bien plus que ce que tu crois même. Mes soeurs ont grandi sans, surtout la dernière. Lui, il est juste parti refaire sa vie ailleurs, sans jamais demander comment on allait.
— T'es sûr qu'il n'a pas essayé de reprendre contact ? » Le maréchal arrêta Troubadour net, et se retourna vers la française. Il serrait le poing. Elle ne comprenait pas et ne comprendrait jamais, mais ça le mettait en rage qu'on essaye de lui faire changer d'avis sur son paternel.
« Ecoute, mon père a foutu le camp de chez nous il y a des années, nous laissant tous dans la merde. J'étais en prison en plus, et c'est Noora qui a du prendre le rôle qu'il aurait du avoir. Non, il n'a jamais essayé de reprendre contact. Quand une de mes soeurs a fait de la merde à l'école et aussi en dehors, il ne s'est jamais dit qu'il allait l'aider. Non, il vivait sa parfaite nouvelle vie avec sa nouvelle femme et ses nouveaux enfants. Il est mort depuis longtemps, juste son annonce réelle a détruit les derniers espoirs de le revoir un jour pour certains d'entre nous. Maintenant je vais rentrer.
— Non, je... Je suis désolée. J'ai dû mal à imaginer qu'on ne puisse pas s'entendre avec son père. J'étais très proche du mien donc c'est pour ça. » Qu'est-ce qu'elle essayait de lui dire exactement ? Elle semblait chercher ses mots. « Je ne te parlerai plus de lui, mais finis au moins la ballade avec moi. »

Greg ne savait pas ce qu'il devrait choisir. Faire demi-tour et rentrer ? Ou alors continuer avec Inès et lui pardonnait ce qu'elle venait de dire ? Elle avait juste été maladroite dans ses propos, mais ça avait quand même énervé le jeune homme. Il ne savait pas trop, mais pour Troubadour, il décida de continuer. Mais cette fois-ci, la blonde n'ouvrit pas la bouche et la promenade se termina dans un silence pesant.

En rentrant, ils tombèrent sur Aaron, tout sourire qui était en train de nettoyer l'allée des écuries. Greg leva les yeux au ciel, mais Inès s'arrêta à sa hauteur et commença à lui parler. Tout de suite, le maréchal remarqua comment l'américain la regardait et compris qu'il la draguait. Et elle semblait en plus répondre.

« Oh, je sais pas si vous vous connaissez, mais...
— On se connaît déjà merci. » coupa le canadien.
« Mais c'est cool ça ! Je suis sûre que vous vous entendrez bien tiens.
— En même tant, tout le monde m'aime. »

Greg échappa un rire moqueur. Matty avait juste envie de lui coller son poing dans la figure, du peu qu'il savait, Noora ne pouvait pas l'encadrer non plus et il lui tapait aussi énormément sur le système. Cela faisait déjà trois personnes.

Il ne s'attarda pas plus et emmena Troubadour sur l'espace pansage. Entendre Aaron se jeter lui-même des fleurs, ça ne le tenait absolument pas. De un, il n'avait pas de temps à accorder à ce genre de connerie, et de deux, il avait déjà un peu les nerfs. Quand il ramena le gris à son box, Inès et Regulus avait disparu. Il ne restait plus que Aaron qui chantait en poussant une brouette. Le brun s'arrêta à sa hauter.

« Je pense aussi à ce qu'a dit Inès. On pourrait bien s'entendre tous les deux. Je sais que je suis parfois lourd, mais on peut toujours compter sur moi. »

Il ne laissa pas le maréchal répondre qu'il continua son chemin. Peut-être qu'il avait raison en fin de compte.

176 lignes Box de Troubadour et Regulus